Cet album sur le thème du déménagement m’a particulièrement touchée. Ma fille aurait pu l’écrire quand nous somme rentrés en France, après avoir passé toute sa vie en Angleterre.

Dans cet album, un petit garçon nous parle de son quotidien. Son appartement, sa chambre, ce qu’il y a dans son coffre à jouets, l’arbre qu’il voit de sa fenêtre et qui le protège, son sentiment de sécurité, les aspects que ses parents détestent mais que lui adore, son meilleur ami Arthur…

Mais un jour, Papa annonce qu’il a trouvé un travail sur la Côte d’Azur, et que la famille déménage. C’est génial, ils vont avoir du soleil, une maison plus grande, arrêter de devoir replier le lit tous les jours, pouvoir manger dans la cuisine…

Sauf que l’enfant, lui, ne le voit pas de cet oeil-la. Hors de question de quitter tout ce qu’il aime. Quelle tristesse de faire ses cartons. De voir toutes ses affaires partir dans le camion. Et s’il ne les revoyait jamais ?

Évidemment, le plan anti-déménagement mis au point avec son ami Arthur ne marche pas. Et il pleure toutes les larmes de son corps sur le trottoir en le quittant.

Quand il découvre son nouveau chez lui, malgré le soleil et la maison plus grande, tout lui parait froid et sans intérêt. Il sait déjà qu’il ne parlera à personne dans sa nouvelle grande école.

Mais peu à peu, il se fait de nouveaux amis. La mer finit par être bien plus intéressante que les jouets. La nouvelle boulangerie n’est pas si mal.

Et ça ne l’empêche pas de penser à sa vie d’avant avec douceur.

Un album extrêmement tendre et sensible sur un changement de la vie qui peut parfois être vraiment mal vécu par les enfants. Entre tristesse de quitter ce qu’on aime et peur de l’inconnu. Les enfants, clairement, voient rarement les choses sous le même angle que les parents. Une belle maison, le soleil, une meilleure école, la mer, la verdure, une vie plus simple… Certes, c’est chouette, mais cela reste souvent secondaire pour les petits.

Pour moi l’un des meilleurs albums sur le déménagement : car non, tout n’est pas rose dans un déménagement. Et s’habituer à sa nouvelle vie peut prendre du temps (1 à 2 ans pour nous). Et cet album ne leur fait pas croire que le déménagement se limite à la joie d’ouvrir ses cartons dans sa nouvelle chambre. Il a le courage de dire qu’au contraire, les choses prendront certainement un peu de temps, mais que la vie reprendra son cours.

Un bel ouvrage en tous cas pour aider un enfant à adoucir l’idée d’un déménagement, sans faire de détours.

À partir de 4 ans.

Mon chez-moi n’est plus mon chez-moi (Le déménagement)
Susie Morgenstern / Serge Bloch
Album, 32 pages, Gallimard jeunesse, 2018
14,00 €