Il existe différentes sortes d’exil. Dans cet album, un magnifique conte, inspiré par le roman de Michel Bussi, « Maman a tort », nous abordons une nouvelle raison au départ.
Le lien entre les deux livres, c’est que, Malone, l’enfant dans « Maman a tort » a un doudou agouti qui lui raconte des histoires, ça s’arrête là, contrairement à ce que pourrait laisser penser le bandeau rouge.
Nous rencontrons une famille d’agoutis, des rongeurs de taille moyenne qui vivent dans un endroit paradisiaque, en réalité dans les forêts tropicales humides d’Amérique du Sud.
Gouti a trois ans, il est déjà d’âge moyen pour un animal de cette race et il vit dans un grand arbre au bord de la mer avec sa famille.
Gouti rêve de voyager, de fonder une famille, mais son travail est bien différent de ses rêves. Il a un travail routinier de frugivore qui consiste à ramasser des noisettes, ou autres fruit dans la forêt et les enterrer près de la maison, dans cet endroit paradisiaque, il y a tout ce qu’il faut pour se nourrir.

Comme Gouti est un peu rêveur, il oublie toujours les endroits où il a enterré ses réserves pour l’hiver mais n’ose pas le dire à sa Maman.
Après avoir partagé un repas en famille, ils s’endorment pour 6 mois, mais a leur réveil, c’est la grande désolation…une tempête a tout arraché, il n’y a plus rien et Gouti ne se souvient pas de ses cachettes.

Alors, il n’y a pas d’autre solution que de partir, il faut trouver un endroit où ils trouveront à manger. Et oui, on quitte aussi son pays pour échapper à la famine. Le grand-père et la petite soeur sur le dos, ils font un tour du monde pas très ordinaire pour des agoutis. Et puis un jour, après une période indéterminée, assis sur un cerisier en fleurs au Japon, le grand-père dit qu’il est temps de rentrer à la maison. Et tout le monde obéit, même si ça semble un peu fou car ils se souviennent du paysage désertique qu’ils ont laissé.

En arrivant sur la plage, la surprise est grande, mais grand-père savait et raconta. Afin de faire des réserves, l’agouti enterre ses graines à différents endroits, mais comme il en oublie quelques-unes et ne les consomme pas toutes, ces graines germent, ce qui permet à la forêt de se régénérer. C’est pour cela qu’on le surnomme souvent « le jardinier des forêts ».
Le vent et les tempêtes sont inéluctables mais grâce à ce qui a été oublié, la vie reprend systématiquement. On parle beaucoup de relations intergénerationnelles dans ce livre, mais aussi du grand départ. De prendre soin des grands trésors cachés près de nous. De la façon relative au temps de passer…
Les illustrations sont magnifiques, tellement colorées et gaies, cette végétation luxuriante me fait rêver, ce qui fait contraste avec un texte pas toujours très gai, bien que profond et entrainant les petites langues vers de nombreux échanges.
Michel Bussi/ Peggy Nille
Langue au chat, Mai 2019
12€
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