Ce livre, quand je l’ai vu chez une amie, a fait remonter une grande émotion, car je l’ai tout de suite reconnu mon J’aime Lire de 1985. C’était un de mes préférés alors je ne résiste pas, il rentre dans notre beau thème de la différence et peut être que comme moi vous serez émus de le relire avec vos enfants.

Il est visiblement étudié par les enfants de CE1, donc vous le trouverez facilement et à un prix incroyable!
Aujourd’hui, pas de poissons mais la mer a déposé un cadeau aux pêcheurs de Cap de Chien, ce cadeau c’est un enfant. Mais les pêcheurs vont vite s’interroger sur cet enfant à la peau argenté avec les mains et pieds palmés, et une nageoire dans le dos. D’où vient-il, qui va s’en occuper? Jugeant que cet enfant pourrait leur porter chance au moment de la pêche ils décident de le garder, mais seulement la vieille Cazel accepte de l’aimer.
Dès le début du livre on comprend bien l’amour inconditionnel que la vieille femme va offrir à cet enfant, alors que les autres voient uniquement le profit, le bénéfice qu’ils vont pouvoir tirer de cet enfant, ils sont suspicieux, il n’est pas comme les autres…
Je me souviens, quand j’avais lu ce livre (et pourtant les illustrations n’étaient pas les mêmes), je pensais que ce bébé devait être très beau, qu’il avait une chance incroyable de pouvoir aller nager avec toutes les créatures de la mer.
Les adultes qui profitent des cadeaux de la mer, les autres enfants qui se moquent et l’appellent « Grenouille », la difficulté à se faire des amis, la solitude souvent. Heureusement, il y a une petite fille, pas comme les autres visiblement puisqu’elle est attirée par Fado et devient amie avec cet enfant tout à fait différent.

Il y a aussi une reflexion sur l’adoption, les origines de cet enfant qui finit par repartir à la mer car rejeté par les hommes.
J’aime beaucoup ces « nouvelles » illustrations bicolores, elles fonctionnent à merveille dans cet univers marin.
La mer est un personnage en elle-même dans ce livre, puisqu’elle est la mère biologique de l’enfant, la mère nourricière des hommes; elle a des sentiments forts et les expriment. La nature donne et reprend aux hommes.
Il y a aussi une symbolique écologique dans ce récit: si les hommes prennent soin de leur planète (de son enfant), elle nous nourrit, et si on la maltraite (rejet de l’enfant), elle est en colère, tempête et ne nous donne plus rien.
A l’exception de Ludie qui a respecté et aimé cet enfant, elle lui apportera un cadeau chaque jour en souvenir de son amitié avec Fado.

Je préfère vous le dire, si vous ne l’avez pas déjà senti; ce n’est pas une histoire très joyeuse en dehors de cette vieille femme qui revit grâce à son petit Fado; on se rend compte de la solitude dans laquelle peuvent se trouver certains enfants qui ne trouvent pas leur place dans un groupe. Le regard des autres pèse lourd, l’apparence est très (trop) importante dans nos sociétés modernes: qu’est-ce que la beauté? la normalité?
Mais pour moi, c’est un livre de toute beauté, qui évoque beaucoup de sujets très importants, des valeurs fondamentales à expliquer à nos enfants, donc c’est une petite perle!
Michel Grimaud/ Bruno Pilorget
Editions Hatier, Collection Ribambelle, Série Rouge, Broché, 64 pages, Edition 2016
3,75€